Once upon a time
Je regarde l'homme en face de moi : caché derrière ce maquillage et avec cette coupe improbable, impossible de lui donner un âge. Je ne suis pas aidé par ses vêtements. Je n'ai jamais rien vu de tel, il a du les fabriquer lui-même. C'est déjà assez pénible de se dire que quelqu'un a pu créer ce tissu. Moi-même je dois avoir au maximum 16 ans. Avec mon maquillage de camion volé, mes talons hauts et ma roube ultra sexy, je fais facilement plus. Assez pour être entrée là ce soir. Assez pour faire illusion face à cet homme d'une beauté extra ordinaire.
Il me sourit, un sourire étrange, un peu ironique. Est-ce qu'il se moque de la petite fille qui veut jouer aux adultes. Je le tance d'un regard arrogant, limite aggressif. Il me demande doucement :"alors, ça t'a plus ?" Je ne sais pas quoi répondre d'autre que "Oui, mais c'était étrange". Ca a l'air de lui plaire. Son sourire est doux, presque tendre quand il me dit qu'il est content que ça m'ai plu.
J'entends un rire et, je ne sais comment, j'arrive à m'arracher à son regard pour regarder l'homme à côté de lui. Tous aussi maigre, tout aussi étrange, sans cependant cette sensualité qui irradie de lui. Je réalise que d'autres personnes sont dans la pièce, ça me gêne. L'ami me regarde avec un sourire moqueur. Je vois la manière dont ils se regardent, dont ils se touchent. Je sais ce qu'il se passe ici. Je sais que je dois partir mais je n'en ai pas envie. Pourtant, je me sens en danger et j'ai peur comme jamais. Je suis juste incapable de sortir de cette attraction.
Je crois discerner une lueur de pitié dans le ragard de son ami. Je me drape dans ce qu'il me reste de dignité et je leur tourne le dos. Je pars lentement, je tremble. Une fois dans la rue, je me mets à courir en pleurant. Je vais longtemps penser au regard étrange et doux de cet homme si beau mais si dangereux.
Quelques années plus tard, je suis adulte et je n'ai plus ce besoin que j'avais de jouer un rôle. Soudain, il est là, devant moi. Toujours trop maquillé et coiffé encore plus bizarrement. Sa tenue inimaginable et indescriptible est sublime, comme lui. Il me voitr de l'autre bout de la pièce et fonce vers moi. Il m'a reconnue : "Je suis content que tu sois venue, ça t'a plu ? Tu as encore trouvé ça bizarre ?" "Non, juste magnifique". Comme lui. Mais je me retiens de lui dire ça. Je suis déjà assez surprise qu'il se rappelle de moi. Il me racont comme il s'est amusé et qu'il ne s'attendait pas à me revoir après mon départ de théâtral il y a de celà quelques années. Je ris. M'excuse de m'être comportée en pimbêche. Il devient sérieux et me dit que partir était la meilleure chose à faire et qu'il aurait du en faire autant. Il me propose un verre.
Je vais accepter lorsque je sens le bras de mon copain se poser autour de ma taille. Je l'avais oublié lui avec qui je suis depusi 2 ans. Comment ça, il y a des gens autour de nous ? Ils n'ont pas le sentiment de déranger. Mon boyfriend me rappelle qu'il faut y aller, on doit de se lever tot pour aller déjeuner chez sa mère le lendemain. Je me sens furieuse et humiliée. Lui me regarde avec un air moqueur et je ne peux même pas lui en vouloir. A regret je repars vers ma vie. J'ai envie de pleurer. Comment quelqu'un que je ne connais pas peut me manquer autant ?
Les années ont passé. Le boyfriend en question est parti depuis longtemps. D'autres sont venus et ont fait de même. J'ai une vie, un travail. Ce soir-là, j'ai un rencard avec un inconnu. Une amie m'a arrangé ça. Je m'ennuie à mourir avec ce juriste qui ne me parle que de boulot depuis le début du repas. Il s'excuse, part aux toilettes ou vérifier son téléphone. Je reste à table et je baille. J'entends alors cette voix que je reconnaitrais entre mille même si les années l'ont changée, et qui me fait frissoner entièrement : "Je peux te sauver la vie. Je vais à une soirée ailleurs, viens vavec moi". Je me lèce, prends ma veste et me tourne vers lui. Il n'est plus maquillé et ses cheveux sont normaux. Je ne peux toujours pas lui donner d'a^ge mais je m'en moque. Il porte un jean et une veste. Je est d'une sensualité à peine croyable.
Je lui prends le bras sans un mot et il me conduit à sa voiture. Le même copain que la première fois est là et me regarde d'un air étonné. Il se contente d'un "Hey, salut" et m'ouvre la porte. Je n'ai parler à personne d'autre de la soirée, je n'ai vu personne. La nuit entière, nous avons discuté de tout: musique, littérature, cinéma. Jamais d'accord sur rien et pourtant c'était si simple de parler. Je me sentais bien, à ma place. Ca aura valu la peine d'attendre presque 25 ans. Et puis à voir la manière dont on se connaissait cette nuit-là, je croirais presque que nous avons passé ces années ensemble. Notre façon de nous parler, de nous frôler, de nous regarder à fait rire les autres mais je ne les ai pas vu. Et ils n'ont jamais eu aucune importance.